COUP D’ŒIL ANALYTIQUE (modeste).

N°1Pourquoi un tel texte ?

Plutôt qu'une analyse en bonne et due forme, vous est proposée ci-après l'interview qu'a accordée Guy Lejaille il y a peu à un magazine littéraire.

Source

Interview de l’auteur Guy Lejaille réalisée par Elvire Debord, chroniqueuse au magazine littéraire « la Plume aux Dents », à propos de la parution de son dernier ouvrage, édité par l’Atelier de la Mémoire (Gerbamont).

(juin 2019)

ED – Tout de même... Une comédie en cinq actes et en vers ! Avouez que cela peut paraître...

GL – Décalé ?... Je vous l’accorde... Complètement décalé... ll est vrai que, pour être dans le vent, nos jeunes écrivains, comme les moins jeunes d’ailleurs, n’hésitent pas à triturer, torturer notre belle langue française. Il faut être de son temps, ma bonne dame... Je ne juge pas mais, ça, je ne saurais le faire.

ED – De là à utiliser l’alexandrin...

GL – Mais, charmante Elvire, croyez-vous que ce vers anobli par nos Classiques soit à ce point devenu obsolète ? Que diantre ! Est-ce qu’on a mis aux oubliettes dans nos collèges et lycées, les Comeille, les Racine, les Molière...

ED – Des écrivains du XVIIème...

GL – Et que faites-vous d’Edmond Rostand ? Et sans doute de bien d’autres après lui...

ED – Mais cela a dû vous demander beaucoup de travail...

GL – Du travail ?!! Je n’en sais fichtre rien... D’ailleurs, ce n’est pas le terme adéquat... Si je vous disais que cette comédie s’est faite toute seule, vous ne me croiriez pas. Et pourtant... Je n'ai pas eu à la dompter, c’est elle qui me dirigeait et je me suis laissé conduire là où elle voulait aller, tout simplement. Comprenez : pas d’enjeu financier, pas d’éditeur exigeant, à peine l’espoir de la voir jouée un jour. Uniquement le plaisir de l'écriture, celui de faire chanter les alexandrins, de les moduler en fonction du rythme et de la rime...

ED – Vous aviez toutefois un schéma préconçu, que sais-je, un plan à suivre...

GL – Même pas ! Il faut croire que j’étais suffisamment imprégné des comédies classiques pour ne pas m’embarrasser d’une structure contraignante, tyrannique. Je crois néanmoins que j’avais d’abord songé à une comédie en trois actes, et puis les cinq actes se sont naturellement proposés.

N°2Les personnages

(Suite de l'interview...)

ED – Et vos personnages ? Comment les avez-vous choisis ?

GL – N’oublions pas que je voulais avant tout m’amuser... Mes personnages, ce sont d’abord des noms, avant que d’être des caractères. Mais ce ne sont pas des marionnettes pour autant. Comme ce M. Laplume et son étrange phobie... Mais nous y reviendrons sûrement. Passapoil et Laplume, sont arrivés les premiers, si je puis m’exprimer ainsi. Une alliance ou « mésalliance » plaisante. Et quand il a fallu trouver un gendre à M. Laplume, Lebec s’est imposé. Je tenais la « chute » de ma comédie : Clitandre deviendrait le bec de la plume...

ED – Et de Lebec à De Gaze...

GL – ll n’y avait qu’un... disons un peu de vent ! Et c’est sans doute la première fois dans la grande Histoire du Théâtre français que deux noms, annonçant en marge les personnages et se suivant, puissent composer une expression aussi éclairante... Mais il faut lire la partition, bien sûr. Une plaisanterie de potache ? Sans doute ! Molière et Racine en ont fait bien d’autres...

Plus sérieusement, ces noms imposent leur caractère aux personnages. Lebec ne peut être qu’un jeune homme fougueux, impétueux, tranchant. L’esprit mousquetaire... Un jeune coq ! De Gaze, le mauvais garçon, volatile et nauséabond, Maître Lumière, le fourbe qui aveugle M. Laplume pour mieux le déplumer... De Gaze, Lallumé, Maître Lumière, par antiphrase, ne sont que de sombres coquins. Et, bien sûr, l'innocente victime est Isabelle Laplume, Isa la belle plume. Un nom évoquant une idée de douceur et de légèreté pour notre demoiselle, mais un nom lourd à porter, à traîner, un fardeau pour son père...

N°3Lutte contre un tourment intime

(Suite de l'interview...)

ED - Un fond de gravité, donc ?

GL – ... Comme toutes les comédies, “Plumaison” aborde un sujet sérieux... Se voir affublé, à sa naissance, du nom de ses parents, ce n’est pas toujours pain bénit... Ce sont souvent les raisons de moqueries, de harcèlement dans les cours de récréation...

ED – J’en sais quelque chose...

GL – Oh ! pardon... Vous comprenez donc la souffrance de M. Laplume, ce désir qui devient une obsession, celui de protéger sa fille, une obsession qui aurait pu faire le malheur d’Isabelle alors qu’il était prêt à sacrifier sa fortune pour faire son bonheur... Ce pourrait être le sujet d’une tragédie...

N°4Une fin optimiste ?

(Fin de l'interview...)

ED – Votre dernière scène s’inspire du “Bourgeois Gentilhomme”...

GL – Une scène d’anthologie que celle où M. Jourdain est élevé au rang de Mamamouchi... Extrêmement compliquée à jouer : ballets, musiciens, chanteurs, danseurs...

L’adoubement de M. Laplume se veut beaucoup plus sobre même si les comédiens peuvent improviser à leur guise !

ED – Et ce langage ?

GL – Le jargon des héraldistes, vous voulez dire ? Aussi étrange que celui des Turcs inventé par Molière ! Il ne peut être compris que par les initiés... Un clin d’œil à mes amis généalogistes...

ED – Que diriez-vous en conclusion ?

GL – Eh bien que finalement, la fin de Plumaison est plus heureuse que celle du Bourgeois Gentilhomme...

ED - Comment cela ?

Faut-il le préciser ?


Elvire Debord et le magazine "La plume aux dents" sont tout à fait fictifs... Mais les propos de Guy Lejaille, pas du tout !... 😉

GL – Il est bien triste de voir que Molière abandonne M. Jourdain à ses « visions de noblesse et de galanterie qu’il est allé se mettre en tête » (Acte I scène 1). M. Laplume semble , quant à lui, retrouver un peu de sa raison... Quoique...

ED – Quoique ??

GL – Vouloir devenir écrivain ! Quelle folie !

N°5Quelques autres éléments analytiques présentés dans ces pages

► Résumé des cinq actes, scène par scène

L'histoire contenue dans la pièce, à lire dans la partie "Argument".

► Les personnages

Esquisse d'étude des personnages dans la partie qui leur est consacrée.

► Le poids des rôles (présence en scène)

Quelques statistiques comptabilisant la présence des personnages face au public, scène par scène, en vue d'une mise en scène (voir : page "Autour...").

► Anachronismes (par rapport au XVIIème siècle de Molière)

Dans la page "Autour...", la section "Costumes" évoque ces anachronismes qui émaillent malicieusement un texte rendant néanmoins hommage à Molière et son époque.